Quels sont les enjeux de la mobilité durable ?


En 2021 le secteur des transports est encore le premier poste d’émissions de gaz à effet de serre (GES) en France avec près de 30% des émissions (138 Mt de CO2e), comme le montre le graphique ci-dessous (source : Secrétariat général à la planification écologique / Citepa).

La France a respecté ses objectifs de réduction des émissions de GES pour l’année 2022, mais elle devra largement accélérer dans les années à venir pour atteindre l’objectif de 270 millions de tonnes de CO2e émis en 2030 (objectif fixé par la Stratégie National Bas Carbone). Par ailleurs, les émissions de GES liées au transport ont elles augmenté de 2,9 Mt CO2e en 2022, soit une hausse de 2,3% entre 2021 et 2022 : en cause, le transport routier et le secteur aérien repartis à la hausse suite au Covid.

En matière de transport, quels sont les leviers d’actions possibles ?

Pour les déplacements des particuliers, les solutions sont les suivantes :

  • une modification des pratiques, en massifiant les modes de transports actifs (vélo, marche), les transports en commun (tramway, train, bus…), le covoiturage, ou en développant le télétravail.
  • le passage à la voiture électrique, l’ADEME estimant que sur toute sa durée de vie, une voiture électrique roulant en France a un impact carbone 2 à 3 fois inférieur à celui d’un modèle similaire thermique (à condition que sa batterie soit de capacité raisonnable < 60 kWh).

Pour la mobilité dite « lourde » (transports de personnes ou de marchandises), les solutions passent par l’optimisation des déplacements (trajets, taux de chargement…), le développement de motorisation ou carburants alternatifs (électricité, BioGNV, hydrogène, biocarburants, rétrofit…), le report modal (train, fluvial) ainsi que par une limitation du transport aérien.

Et que dit la réglementation ?

Afin de réduire les émissions de GES du transport, des réglementations, européenne ou nationale, ont été mises en place. En France, deux lois principalement cadrent la décarbonation de la mobilité. La première est la loi d’orientation sur les mobilités (Loi LOM) qui vise :

  • Un objectif de neutralité carbone des transports terrestres d’ici 2050
  • Le remplacement des plans de déplacement urbain (PDU) par des plans de mobilité (PDM) avec intégration de nouveaux objectifs
  • La mise en œuvre d’un Plan vélo pour tripler sa part modale
  • La création des zones à faibles émissions (ZFE)
  • La création du forfait mobilité durable pour contribuer aux frais de déplacement domicile-travail.

Puis la loi Climat Résilience qui vise :

  • Le renforcement des ZFE dans les grandes agglomérations
  • La fin de vente des véhicules émettant plus de 95 gCO2/km en 2030
  • La restriction des vols d’avions domestiques en cas d’alternative de moins de 2h30 et
    compensation carbone d’ici 2024.

Par ailleurs, la loi LOM impose à toutes les organisations du secteur privé et du secteur public disposant d’une flotte de plus de 100 véhicules, d’acquérir, lors du renouvellement annuel de leur flotte, des véhicules à faibles émissions (< 50 gCO2/km) dans la proportion minimale de :

  • 10% de ce renouvellement à partir du 1er janvier 2022
  • 20% de ce renouvellement à partir du 1er janvier 2024
  • 40% de ce renouvellement à partir du 1er janvier 2027, …

Seuls les véhicules électriques, hybrides rechargeables ou à hydrogène permettent de respecter cette limitation.

Par ailleurs la loi LOM, prévoit l’obligation d’installer des bornes de recharge dans les parkings d’entreprise de plus de 20 places.

Quelles sont les solutions de transport ?

La réduction des émissions de GES liées au transport repose à la fois sur des solutions « sociétales » (développement du télétravail, modes de consommation, pratiques de voyages…) et sur les modes de transport utilisés. Voici le détail des principaux modes de transport possibles pour décarboner nos déplacements.

Modes de transport « actifs » et transports en commun

Dans les grandes agglomérations le vélo, la marche, le tramway, le métro… sont des moyens de transports qui émettent peu de GES. En périphérie des grandes villes, le covoiturage, le bus ou encore les réseaux ferroviaires demeurent les solutions les plus adaptées pour réduire les émissions de GES. Ces moyens de transports sont nettement moins émissifs par rapport à la voiture traditionnelle comme le montre ce graphique de l’ADEME.

Voitures électriques

La voiture électrique fait partie des leviers envisagés pour décarboner le transport. En France, le parc de véhicules électriques est déjà en croissance constante : l’AVERE (l’association nationale pour le développement de la mobilité électrique) indique qu’en avril 2023, les ventes de véhicules électriques et hybrides rechargeables ont représenté 18 % du marché.

Les avantages environnementaux des véhicules électriques par rapport aux véhicules thermiques sont une amélioration de la qualité de l’air, car ils émettent moins de polluants (particules fines, Nox…), une diminution des émissions de gaz à effet de serre notamment s’ils sont alimentés par une électricité bas carbone comme c’est le cas en France, et ils sont plus silencieux.

En ce qui concerne l’impact environnemental global des voitures électriques, notamment lié à la batterie, l’ADEME a émis un avis en octobre 2022 dans lequel elle souligne que, sur l’ensemble de sa durée de vie, une voiture électrique roulant en France a un impact carbone 2 à 3 fois inférieur à celui d’un modèle similaire thermique, à condition que sa batterie soit de capacité raisonnable (< 60 kWh). Avec une batterie de taille supérieure, l’intérêt environnemental n’est pas garanti. L’ADEME recommande aussi les techniques de pilotage de la recharge des batteries pour améliorer le bilan carbone de son véhicule en mobilisant plus d’électricité renouvelable et bas carbone.

GNV et BioGNV

Le GNV (Gaz naturel véhicule) désigne le gaz naturel utilisé comme carburant. Le BioGNV est le carburant issu du biogaz (obtenu notamment par la méthanisation de déchets). GNV et BioGNV sont des carburants alternatifs déjà utilisés dans la mobilité dite « lourde » (camions, bus…).

Selon l’ADEME, les moteurs au GNV rejettent très peu d’oxydes d’azote (NOx) et pas de particules. Ils ne produisent pas ou peu de polluants non réglementés toxiques, comparés à l’essence ou au gazole, et leurs rejets de CO2 sont comparables à ceux des Diesel, à égalité de puissance moteur. Ils ont donc un impact positif pour la qualité de l’air. 

D’origine renouvelable, le BioGNV contribue en plus à réduire les émissions de CO2 par rapport au diesel, favorise l’économie circulaire (valorisation des biodéchets) et l’indépendance énergétique du territoire.

Hydrogène

L’hydrogène est produit à partir de différentes sources d’énergie : on parle de vecteur énergétique.

Deux méthodes principales existent actuellement pour produire de l’hydrogène. La plus commune est le reformage d’hydrocarbures : on place des hydrocarbures dans des conditions précises de température, de pression et d’humidité qui permettent de séparer les atomes de carbone de l’hydrogène. On parle alors d’hydrogène « gris », ou d’hydrogène « bleu » lorsqu’il y a capture du carbone durant la production.

La seconde méthode, c’est l’électrolyse de l’eau : on utilise un courant électrique pour séparer l’hydrogène de l’oxygène de l’eau. On parle alors d’hydrogène « vert » si l’électrolyse est effectuée à partir d’une électricité elle-même bas carbone.

Au niveau des transports, l’hydrogène peut être utilisé pour alimenter un moteur électrique par l’intermédiaire d’une pile à combustible, ou directement comme carburant dans un moteur thermique. Son utilisation semble peu adaptée pour les véhicules légers (vélos ou voitures individuelles) en raison d’un faible rendement énergétique. En revanche, l’hydrogène serait bien adapté aux véhicules lourds (poids lourds, bus et cars…) et sur de longues distances.

Une autre utilisation de l’hydrogène « vert » dans les transports est sa conversion en carburants de synthèse (ou « e-fuels » en anglais) par réaction avec du CO2. Actuellement en développement, ces carburants de synthèse pourraient être utilisés pour les transports maritimes et aériens. Pour les obtenir, le principe est de convertir de l’hydrogène « vert » (issu d’électricité renouvelable ou bas-carbone) en carburants liquides ou gazeux (e-méthane, e-méthanol, e-kérosène…) qui sont plus simples à transporter et stocker que l’hydrogène. Les caractéristiques de ces e-carburants étant proches ou identiques de celles des carburants issus du pétrole et du gaz, ils pourraient être mélangés aux produits existants ou utilisés à leur place dans les moteurs existants. Le règlement européen RefuelEU prévoit qu’en 2035, le transport aérien utilise 35% de e-carburants. Néanmoins leur développement massif posera la question des conflits d’usage de l’électricité bas-carbone.

Retrofit

Le rétrofit consiste à convertir une voiture à motorisation thermique (essence ou diesel) en motorisation électrique ou hydrogène (à batterie ou à pile à combustible). Le rétrofit électrique permet d’augmenter la part de voitures électriques en circulation et ainsi de diminuer les quantités de CO2 et de polluants atmosphériques émises lors des déplacements quotidiens, tout en s’inscrivant dans une démarche d’économie circulaire. Il constitue une offre complémentaire aux véhicules électriques neufs et aux véhicules électriques d’occasion dont le nombre demeure limité.

Sujet vaste, la mobilité interroge nos modes de vie. Elle demeure le premier poste d’émissions de GES en France : réduire ces émissions pose non seulement la question des modes de transport, mais implique aussi de devoir repenser la manière dont on travaille en développant le télétravail qui évite des trajets, repenser la manière dont on voyage en favorisant les courtes distances pour limiter les vols long-courriers, en privilégiant le train, repenser nos achats du quotidien en privilégiant des produits locaux ou en limitant nos achats sur internet ou en provenance de l’étranger.

Sources :

Secrétariat général à la planification écologique : https://www.gouvernement.fr/upload/media/content/0001/07/9a67d0c645ec2f2bda14db84ee5843e6faa044b0.pdf

Avis ADEME : MONDIAL DE L’AUTOMOBILE : L’ADEME PUBLIE SON AVIS SUR LE VÉHICULE ÉLECTRIQUE : UNE BATTERIE DE TAILLE RAISONNABLE ASSURE UNE PERTINENCE CLIMATIQUE ET ECONOMIQUE – ADEME Presse

Retrofit : Tout savoir sur le rétrofit électrique | Ministères Écologie Énergie Territoires (ecologie.gouv.fr)

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